Le portable des années 1900, l'e-mail avant la lettre, c'est la carte postale. D'un coût modique, elle est fiable, sûre. Qu'elle représente une rue, un petit métier, une scène pittoresque, un commerce ou un groupe, la vulgarisation de la photographie est à l'origine de cet engouement. Ces millions de vues nous renseignent sur l'habitat, les conditions de vie, l'habillement, le commerce... Elles nous montrent la France au tout début XX° sous ses moindres aspects.

mercredi 12 juin 2013

Deux-Sèvres : mise en ligne des registres matricules militaires



Les pages des registres remplies par des plumes scrupuleuses et appliquées livrent une multitude de renseignements sur le parcours des soldats, mais aussi sur leur physique.

La mise en ligne des registres matricules militaires par les Archives départementales va faciliter le travail de tous les passionnés de généalogie.

Il s’appelait Octave Emile Eugène Moreau. De lui, on ne sait que son nom et qu’il est né en 1890 dans un village des Deux-Sèvres. Ainsi a-t-il dû être appelé sous les drapeaux comme tous ses camarades de la classe 1910 et a possiblement fait la guerre de 1914-1918.

Cet Octave a servi de cas d’école, mardi matin, à Brigitte Pipon pour présenter la toute nouvelle offre des Archives départementales qu’elle dirige. Une nouveauté qui ne manquera pas d’intéresser les férus de généalogie et plus généralement tous les fouilleurs de passé. Un gros potentiel quand on sait que 61 % des Français (selon un sondage Ipsos réalisé en 2009), de tous âges, font de la généalogie, dont 85 % par le biais d’Internet.

" Cheveux blond foncé, bouche grande, yeux bleu clair, nez rectiligne... "

Après le cadastre napoléonien de 1803 à 1846, les recensements de population de 1836 à 1906, et les registres paroissiaux et d’état civil de 1519 à 1902 mis en ligne il y a un an, c’est au tour des registres matricules militaires de débarquer sur le Net. « Au prix d’un énorme travail préparatoire d’indexation, de cotation et de numérisation », a tenu à préciser Brigitte Pipon, rendant ainsi hommage à son équipe. L’accès à ces nouvelles données est facile et, qui plus est, gratuit. Revenons à notre Octave sur lequel on aimerait bien en savoir un peu plus. Première étape : rechercher son matricule en faisant défiler les conscrits de l’année 1910 classés par ordre alphabétique. Le nom du sieur Moreau, écrit par une belle plume appliquée avec pleins et déliés, apparaît à la page 34 assorti du matricule 1055. Retour à l’inventaire pour rechercher ce que la grande muette nous livre sur son compte. En sélectionnant la tranche des matricules allant de 1.001 à 1.500, on parvient très vite au feuillet 78 qui nous apprend qu’Octave, fils de Daniel, Théodore Moreau et Marie, Louise Guillet, a vu le jour le 8 décembre 1890, à Maisontiers, dans le canton de Saint-Loup-sur-Thouet. Si ces registres militaires ne comportaient pas encore de photo, un descriptif physique détaillé, similaire à celui des registres judiciaires, permet d’imaginer le caporal clairon Moreau : « Taille moyenne, 1,61 mètre, visage ovale, cheveux blond foncé, bouche grande, yeux bleu clair, nez rectiligne… ». L’armée nous dit qu’incorporé en août 1914, le poilu a été blessé au bras par un éclat d’obus le 7 mai 1916, près de Verdun. Bien que classé « inapte », il a été renvoyé au front dès le 9 novembre pour être à nouveau évacué, malade, en mai 1918. Campagnes, citations, blessures, localités où notre Octave a vécu la Grande Guerre… tout est là.

Une incursion complémentaire dans les registres paroissiaux et d’état civil permettra de découvrir qu’Octave, le soldat désormais moins inconnu, est mort le 16 novembre 1958 à Saint-Loup, qu’il avait cinq frères et une sœur, que son père était cordonnier et sa mère ménagère. La fin d’une enquête rondement menée, sans bouger de chez soi.

Article paru dans la NR le 7 juillet 2011.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire